Hommage à Dmitri Hvorostovsky, baryton à la voix d'or habitée d'âme
Nous ne sommes que bouche. Qui chante le lointain coeur
ayant séjour, intact, au centre de tout ?
Sa grande pulsation au fond de nous se répartit
en moindres battements. Et sa grande douleur,
comme sa grande joie, nous dépasse.
Ainsi sans cesse nous nous arrachons
et ne sommes que bouche. Mais en secret, soudain,
la grande pulsation du coeur nous investit,
et nous crions : enfin
nous sommes être, changement, visage.
Rainer Maria Rilke, "Poèmes épars", in Poésies, Seuil, 1972, p.440.